dimanche 2 novembre 2008
Tribute to Gerard Damiano
Même si je n'arrive toujours pas à trouver le tempo radiophonique, j'espère que ça viendra...
C'est avec délice et malice que je me dois d'ouvrir cette chronique par une oraison funèbre. Le magicien de la pipe, l'inventeur du film pornographique moderne et miteux, le metteur en scène le plus rentable du cinéma Gerard Damiano nous a quitté la semaine dernière. Réalisateur du oh combien fameux Deep Throat, Gorge Profonde pour les intimes, il fut à l'origine d'une épopée formidable qui rapporta près de 600 milions de dollars aux mafieux qui l'avaient initiée. Premier film pornographique à connaître une vaste diffusion, ce joli navet à 25000 dollars conte l'histoire d'une femme frigide qui découvre que son clitoris se trouve... au fond de sa gorge. Commence alors une odyssée homérique à la recherche de la jouissance, et une avalanche de fellations toutes plus inhumaines les unes que les autres: où l'on voit toutes les trentes secondes un membre de 30 cm englouti avec peine par une pauvre actrice sur le point de s'évanouir.
Le film aura connu un succès retentissant, grâce notamment (et peut être exclusivement) à l'action des autorités, qui interdirent les films sur le territoire de 22 des États d'Amérique, allant même jusqu'à trainer devant les tribunaux l'ensemble de l'équipe du film. S'ensuivit alors un renversement de valeurs comme il n'en existent que chez l'Oncle Sam: les gardiens intouchables de l'ordre moral furent violemment pris à parti et ceux qui se refusaient à voir le film se virent reprocher leur puritanisme vieux jeu: ainsi, peu à peu, le film atteint le réseau de salles traditionnel, et l'interdiction fut réduite aux moins de 17 ans non accompagnés... seulement. Sorti quelques années après la révolution sexuelle de mai 68, le film eut une réelle portée sociétale, ouvrant la porte à la banalisation de la pornographie et à la marchandisation/désacralisation, c'est à vous de choisir, du sexe. L'Amérique n'était pas encore repliée sur elle même, et sa jeunesse avait soif de transgression. Le retour de bâton ne se fit cependant pas attendre, et à l'épidémie de « throat rapes », tous les ados voulant voir leurs copines imiter Linda Lovelace, vinrent s'ajouter de scabreuses rumeurs sur le tournage (Linda Lovelace aurait du tourner certaines scènes le revolver sur la tempe). Il n'en fallait pas plus pour que l'euphorie retombe, et que Reagan se fasse élire. Bye bye sweet seventies, we miss you.
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