Une chanson douce
Bon, Henri Salvador est mort. Et facebook est resté muet, alors que ça avait été l'orgie de groupes pour la mort de Carlos, quelques jours auparavant. Étonnant, enfin je suppose: moi je n'ai connu ni l'un ni l'autre. Mais Salvador, j'en avais beaucoup entendu parler alors que Carlos là, quedal. Je me dis que c'est à cause de la tendance à la dérision la plus totale qui règne sur Facebook. La mort du gros, ça fait marrer, le mec de 90 ans...
Résultat, j'ai téléchargé tout le répertoire de Salvador sur limewire, histoire d'avoir une idée du personnage. Confirmation, à part le lion est mort, je connais pas. Même une chanson douce, le truc aux paroles douteuses là: « il pris la biche dans ses bras, la petite biche sera toi si tu veux ». Mouais.
En parlant de téléchargements, la riposte graduée vient d'être adoptée et si j'ai bien compris, je risque d'avoir dans les 24 heures un mail de ... de qui? de la CNIL, du ministère de l'intérieur, de mon commissariat? Bon bref, je vais me faire taper sur les doigts, et je crains que ce post ne m'aide pas. En effet, malgré mon super pseudo-de-la-mort-qui-tue et qui me rend incognito, les législateurs ont décidé que mon adresse IP n'était pas une « information personnelle » et qu'elle pourrait donc être utilisée afin de m'identifier (cherchez l'erreur) lors d'un procès. Et ce, alors que la CNIL vient de dire le contraire. Youpi. En gros, l'ordre est de retour sur internet, et c'est pas la joie. Moi, l'internet, j'ai connu ça très tôt pour mon âge, et j'ai eu la chance de profiter de cet immense espace de liberté avant que les moralisateurs ne débarquent. On parle souvent de Napster comme symbole de cet âge d'or. Mais Napster, c'est un symbole pour Geek, c'était à se tirer une balle tellement c'était compliqué. Justement, c'est tout le contraire de ce qu'était sensé représenter internet à cette époque. Non, les vrais symboles d'un internet ouvert à tous, basé sur la coopération et la liberté, un vrai bordel d'anarchistes mais lisible quoi, c'était Audiogalaxy et Kazaa. L'un puis l'autre. Audiogalaxy, parce que c'était un site à la charte graphique extra-agréable qui ressemblait comme deux goûtes d'eau aux sites des Majors, où il suffisait de taper le nom de la chanson et de cliquer dessus pour la télécharger. Gratuitement, au nez et à la barbe de tous, et ce grâce à la mise à disposition des bandes passantes des utilisateurs. Le kiffe. Je me souviens encore de l'angoisse qui m'a pris lorsque j'ai téléchargé ma première chanson. Je devais avoir 11 ans, et j'ai du l'avouer à mes parents tellement j'avais mal au ventre. Mais ils n'ont rien dit, je pense qu'ils ne savaient même pas de quoi je leur parlait. Résultat, c'est vite passé.
Aujourd'hui, les plateformes de téléchargement illégales doivent se cacher, reprendre des formes impossibles, des noms inaccessibles, les utilisateurs partageux se sont envolés au profit des occasionnels qui ne partageraient leur bande-passante pour rien au monde: résultat, l'offre se réduit drastiquement et les autorités veulent porter le coup final. Moi, du haut de mes 18 ans, je dis merci à tous ceux qui ont participé à cette aventure, qui m'ont permis de sortir du tryptique Backstreet Boys-Aqua-Lorie pour découvrir une autre forme de culture, au nez et à la barbe des ayants droit mais pour mon plus grand bonheur et celui des groupes que j'ai découvert (dont j'ai souvent acheté ensuite les CD).
Au prochain numéro, la justification de ce comportement scandaleux.
samedi 3 mai 2008
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